Marc Sun

Cette boutique est zen. Le qualificatif paraît facile mais il décrit précisément le lieu. Ambiance feutrée, parfum léger d‘encens, musique extrême-orientale. Cet univers harmonieux pourrait sembler folklorique si nous n‘avions pas à faire au sérieux et à la passion de Marc Sun. Tous les deux mois, il quitte Strasbourg pour se rendre dans son pays d‘origine, la Chine. Il y récolte des trésors en tous genres : mobilier, bijoux, peintures ou théières, exclusivement en terre-cuite. D‘après notre spécialiste, celles fabriquées en fonte sont peu utilisées en Asie, contrairement aux idées reçues. Monsieur Sun sélectionne ces produits en Chine du nord, les fait restaurer sur place puis livrer par

voie maritime. Un gage de qualité onéreux mais assumé pleinement. De bouche à oreille, il s‘est formé une clientèle nombreuse qui lui permet de vendre moins cher qu‘ailleurs.

De 15 à 7 000 F

Il y en a pour toutes les bourses. Un rapide coup d‘œil sur l‘espace exigu de l‘échoppe en dit long. On déniche, par exemple, de petites statuettes en jade, pierre aux effets miraculeux. Celles-ci prennent la forme de tortues, protectrices des jeunes filles, ou de signes zodiacaux chinois, notamment du dragon, animal de l‘année. Etonnants, ces cadenas centenaires ou cette belle boîte à thé en terre imitant l‘allure du bambou. Les cerfs-volants en soie peinte sont bradés à 130 F pièce. Nous trouvons également des pièces de monnaie centenaires,

des calligraphies, des boîtes en bois et en cuir remarquables par leur sobriété, des sceaux administratifs ou d‘élégantes "armoires de mariages". Monsieur Sun nous éclaire : "c‘est une fausse désignation, on n‘offre pas d‘armoire aux mariages mais un coffre pour que la jeune épouse puisse y mettre toutes ses affaires". Un dernier détail nous frappe, des moules à gâteau rappelant fortement nos moules alsaciens. Marc Sun s‘explique : "J‘ai fait exprès de les exposer ici, cette ressemblance m‘a amusé, moi aussi."

Une tasse de thé vert ?

Un ami de Marc Sun, professeur de chinois à Paris, nous glisse : "De toutes les villes françaises, Strasbourg est la plus proche de l‘ Asie". Géographiquement parlant, c‘est exact. Marc Sun, lui, se sent "culturellement" proche de l‘Alsace. "Je suis entre deux cultures, française et chinoise. L‘Alsace aussi a une double culture, c‘est pour ça que je m‘y sens bien".
La Chine qu‘il a quittée il y a quinze ans a bien évolué. Il y note des changements à chacun de ses voyages. "La Chine est de plus en plus capitaliste, elle prend le même chemin que le Japon et fait les mêmes erreurs". Autre preuve de l‘ouverture d‘esprit de Monsieur Sun, les expositions réalisées dans sa boutique. La dernière était consacrée aux Pierres de rêve,
des paysages évoqués dans le marbre découpé par des moines.

La porte rouge 21, rue Brûlée est ouverte du mardi au samedi de 10H30 à 19h

Article de www.Webcity.com